Efficacité d'un « leurre mortel » contre Culex quinquefasciatus de la ville de Bouaké, Côte d'Ivoire

Parasites & Vecteurs volume 16, Numéro d'article : 300 (2023) Citer cet article

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La technologie des tubes Eave est une nouvelle méthode d’application d’insecticide qui utilise un système de revêtement électrostatique pour renforcer l’efficacité de l’insecticide contre les moustiques résistants. Une série d’expériences antérieures ont montré des effets insecticides encourageants contre les vecteurs du paludisme. Cette étude a été entreprise pour évaluer les effets de l'approche par tube d'avant-toit sur d'autres Culicidae, en particulier Culex quinquefasciatus, dans des conditions de laboratoire et de semi-terrain.

Larves de Cx. quinquefasciatus de Bouaké ont été collectés et élevés jusqu'au stade adulte, et des tests en cylindre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été effectués pour déterminer leur statut de résistance. Des essais biologiques standard de 3 minutes sur cône de l'OMS ont été réalisés à l'aide d'un filet PermaNet 2.0 plutôt que d'inserts traités avec un tube d'avant-toit. Évaluer l'effet de l'exposition transitoire sur Cx. quinquefasciatus, un test de tube d'avant-toit utilisant des chaussettes malodorantes comme attractif a été réalisé avec un temps d'exposition de 30 s, 1 min et 2 min sur des inserts traités à 10 % de bêta-cyfluthrine. L'activité résiduelle de ces inserts traités a ensuite été suivie pendant 9 mois. Tests sur le terrain impliquant la libération-récupération de Cx. quinquefasciatus dans des enclos autour de cabanes expérimentales équipées de fenêtres et de tubes d'avant-toit non traités ou traités à l'insecticide ont été réalisés pour déterminer la préférence d'entrée dans la maison et l'impact des tubes sur la survie de cette espèce.

Bouaké Cx. quinquefasciatus présentait une résistance élevée à trois des quatre classes d'insecticides actuellement utilisées en santé publique. Après 3 minutes d'exposition lors de tests sur cônes, les inserts traités à 10 % de bêta-cyfluthrine ont induit une mortalité de 100 % en Cx. quinquefasciatus, alors que la moustiquaire insecticide à longue action (MID) n'en a tué que 4,5 %. Avec un temps d'exposition réduit sur l'insert du tube d'avant-toit, la mortalité était toujours de 100 % après 2 min, 88 % après 1 min et 44 % après 30 s. La mortalité après une exposition d'une heure sur un insert traité à 10 % de bêta-cyfluthrine était > 80 % en continu jusqu'à 7 mois après le traitement. Les données suggèrent que Cx. quinquefasciatus a une plus forte préférence pour entrer dans une maison par les avant-toits que par les fenêtres. Les inserts traités à la bêta-cyfluthrine ont pu tuer 51 % des Cx résistants. quinquefasciatus relâché dans l'enceinte.

Les tubes d’avant-toit constituent une nouvelle méthode de distribution d’insecticide dans la maison. Ils attirent les Cx à la recherche d'hôtes nuisibles. quinquefasciatus et sont aussi efficaces pour les combattre que contre les Anopheles gambiae résistants aux pyréthrinoïdes, malgré le niveau élevé de résistance Cx. quinquefasciatus se sont développés.

Les membres Culex quinquefasciatus du complexe Culex pipiens sont prédominants dans les environnements urbains des villes africaines. Culex quinquefasciatus est un vecteur de la filariose lymphatique (FL) et d'autres arbovirus majeurs [1, 2]. La FL reste une infection chronique défigurante, avec 51,4 millions de personnes infectées dans le monde selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) [3]. L'élimination de la FL repose sur l'administration massive de médicaments (MDA) et la lutte anti- vectorielle avec des insecticides de santé publique [4]. Cependant, l’utilisation intensive de ces pesticides dans l’agriculture urbaine associée au déploiement massif de moustiquaires imprégnées d’insecticide a induit une résistance aux insecticides chez les trois principaux genres de moustiques [5,6,7,8]. Des données récemment rapportées ont révélé une intensité élevée de résistance aux pyréthrinoïdes médiée par différents mécanismes de défense dans le Cx. quinquefasciatus dans les environnements urbains des grandes villes africaines [9,10,11,12]. De plus, les moustiques Culex sont responsables de nuisances et d’inconforts pour la population [13]. Les Culex quinquefasciatus se nourrissent de sang d'humains et d'animaux, et ce comportement joue un rôle important dans l'amplification et la transmission des maladies zoonotiques [14]. Des outils de lutte antivectorielle innovants et efficaces sont donc nécessaires pour soutenir la lutte contre les populations résistantes et nuisibles de Cx. quinquefasciatus [15, 16].